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L'Orgue Pierre Schyven (1891), de la Cathédrale Notre-Dame d'Anvers (B)

Orgue Schyven, Cathédrale d'Anvers

L'Orgue Pierre Schyven (1891), de la Cathédrale Notre-Dame d'Anvers (B)

L'orgue de la cathédrale d'Anvers (IV/90, 1891) est l'instrument le plus important jamais réalisé par la Maison Pierre Schyven de Bruxelles. Il est sans doute un chef-d'œuvre de la facture d'orgue en Belgique de la fin du 19ème siècle.

La cathédrale d’Anvers doit son orgue Schyven à Mademoiselle Eugenia Kempeneers. Cette fidèle paroissienne légua en effet par testament la somme impressionnante de 150.000 francs pour la construction d’un nouvel orgue. Ce montant arrive en 1888 aux mains du conseil de fabrique, qui se dépêche de mettre en place une commission de cinq experts. En font partie, non seulement l’organiste de la cathédrale, Joseph Callaerts, et son frère François, Maître de chapelle, mais aussi le compositeur et organiste Edgar Tinel, un chanoine de l’abbaye d’Averbode et un musicologue, le chevalier Léon de Burbure.

Joseph Callaerts considérait l’orgue qu’Aristide Cavaillé-Coll avait construit pour St-Sulpice, à Paris, comme un modèle par excellence de facture d’orgue. Il rêvait de voir ce facteur français réaliser un tel instrument pour “sa” tribune. La commission demanda une proposition à Cavaillé-Coll, mais approcha également l’organier belge Pierre Schyven et la manufacture allemande Wal- cker & Cie. Les facteurs pouvaient réutiliser des tuyaux de l’orgue précédent (III/48). Le nouvel orgue devait être installé dans le buffet de 1657, un meuble magnifique orné de sculptures de Peter Verbrugghen l’Ancien (1615-1668) d’après un projet d’Erasmus Quellin (1634-1657).

Le choix se polarisa rapidement autour de Cavaillé-Coll et de Schyven. Schyven projetait un orgue de 87 jeux répartis sur quatre claviers et pédalier pour 150.000 francs. La proposition de son concurrent français portait sur 76 registres et dépassait le budget prévu. Etant donné son excellente réputation, Cavaillé-Coll pouvait remporter le contrat s’il ajoutait gratuitement onze registres. Le Français refusa. Au sein de la commission pour le nouvel orgue, trois membres votèrent pour l’offre de Schyven, tandis que Cavaillé-Coll ne récolta que deux voix (probablement celles des frères Callaerts). L’esthétique des instruments de Schyven et de Cavaillé-Coll est en grande partie similaire. Les anches du maître français sont généralement plus puissantes, tandis que les fonds de Schyven sont plus ronds et plus fins. Si le tutti de l’orgue Schyven d’Anvers est moins percutant que ceux des grands instruments de Cavaillé- Coll, en revanche, il offre une grande richesse de jeux poétiques de huit pieds.
Pierre Schyven apprit son métier chez le facteur Merklin-Schütze, qui disposait d’ateliers à Bruxelles et Paris. Comme Joseph Merklin était souvent en voyage d’affaires, dès 1851, c’est Schyven qui assure la direc- tion journalière de l’atelier de Bruxelles. En 1870, il reprend l’atelier avec deux parte- naires, donnant naissance à P. Schyven & Cie. Un de ses premiers grands instruments est celui de l’église Notre-Dame de Laeken (III/52) de 1874. L’orgue de la cathédrale d’Anvers est le plus grand qu’il ait jamais construit et sans aucun doute un chef- d’œuvre de la facture d’orgues du 19ème siècle en Belgique. L’instrument a été bien conservé dans son état d’origine.



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